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Dans le secret des câbles

Originaire des Houches, Alain Paccalet est passé maître dans l’art des épissures de câbles, cette activité qui consiste à nouer entre eux deux bouts d’un même filin d’acier.  

Les câbles, ça le connaît. Depuis plus de dix ans, Alain Paccalet parcourt la planète pour réaliser des épissures, une opération délicate qu’il est un des rares en France à maîtriser parfaitement. « Les épissures sur les câbles, explique-t-il, c’est un genre de tricotage –un noeud qui ne se voit pas-« . Un « tricotage » d’un genre bien particulier qui permet de relier précisément –avec une tolérance de dépassement équivalente à 10% du diamètre- deux bouts d’un même filin d’acier destiné à supporter des télécabines de plusieurs tonnes.
Pas de place pour l’à-peu près donc ! Sur chaque chantier, la procédure est systématiquement respectée. Une fois le câble déroulé au sol et mis sous tension, Alain Paccalet vérifie attentivement les points de sécurité : « point de mariage » des deux extrémités du câble, qualité de la tension, mise hors service de l’appareil, équipement du personnel… Après et après seulement, le travail peut commencer. Il consiste à extraire les filins -appelés torons- composant le câble et à les enrouler les uns autour des autres pour retrouver, à l’arrivée, une liaison « uniforme ». Une bonne journée est nécessaire pour mener à bien l’opération. Voire… « En Chine, j’ai travaillé sur un télécabine montant sur la Grande Muraille. Le Poma datait de Mathusalem. Là-bas, j’ai pris un peu peur. Il n’y avait aucun matériel et un manque de sécurité partout, 150 personnes à gérer. Il a fallu sécuriser mon travail avant de commencer. Depuis, quand j’y retourne, je prévois 5 jours au lieu de 1,5 habituellement. »
 
Medellin, Dubaï, Madère et les Alpes
 
Aujourd’hui, le Houchard est rôdé. Son expérience et sa rigueur lui ouvrent des chantiers dans le monde entier. Dépêché par TrefilEurope -l’entreprise qui l’a formé au métier- ou par des entreprises de montage, il intervient à 80% en station, le reste du temps en zone urbaine –télécabines citadines ou wagonnettes tirées par câbles. A Medellin, en Colombie, le spécialiste en épissures a ainsi raccordé le câble d’un appareil urbain transportant 30 000 personnes par jour entre la capitale et les favellas perchées sur la colline. En Equateur, il a participé au lancement d’une télécabine flambant neuve. A Dubaï, il est intervenu sur un télésiège indoor. Il s’est aussi envolé pour Madère, l’Espagne, la Belgique et connaît les Alpes comme sa poche…
Mallette à outils sous le bras, Alain Paccalet voyage ainsi huit mois durant. Ce n’est qu’en hiver, à l’heure où les skieurs se laissent porter en toute innocence par les câbles qu’il a bien souvent lui-même raccordés, qu’il peut goûter au calme de son chalet rustique perché sur les hauteurs de Bellevarde. Si les câbles viennent à lui manquer, il peut toujours contempler ceux du téléphérique de Bellevue, qui disparaissent, au-dessus, dans une trouée de forêt.  
 
Laurent Gannaz 

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