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Emmanuelle Morand, agricultrice

Productrice de lait à Megève depuis 1997, Emmanuelle Morand est une jeune femme pleine d’énergie et visiblement très épanouie. Cette trentenaire maman de trois enfants, gère non seulement l’exploitation familiale au quotidien, mais elle s’investit aussi beaucoup à la coopérative du Val d’Arly et vient de se lancer avec enthousiasme dans l’agrotourisme.

actumontagne.com : Aviez-vous envisagé un métier ailleurs que dans l’agriculture ?
Emmanuelle Morand : Oui ! Fille d’agriculteurs, je connaissais le métier et la vie qui va avec ! J’avais envie d’autre chose. J’étais tentée par le tourisme, Megève étant une destination phare en la matière. J’ai entamé une formation dans ce domaine et puis j’ai rencontré mon mari, Michael, lui aussi mégevan et petit-fils d’agriculteurs . Apprenti-ébéniste, il a eu l’opportunité de récupérer des terrains de ses grands-parents sur la commune. Nous avons alors décidé de changer nos projets de vie et de créer notre propre exploitation en 1997. Nous l’avons baptisée la Ferme de Chénou.

actumontagne.com : Une ferme créée ex-nihilo, un sacré challenge pour un jeune couple d’une vingtaine d’années ?
E.M. : C’est vrai qu’aujourd’hui, à Megève, nous sommes les seuls agriculteurs en activité à n’être partis de rien. Là où la ferme est installée, il n’y avait qu’un abri à piquets ! Nous avons tout construit, notre logement, l’étable, le hangar à matériel, sans compter les achats d’animaux au départ pour constituer notre cheptel bovin. A Megève, les constructions sont très réglementées, elles doivent offrir une façade en bois et être dans le style local, donc elles coûtent plus cher que dans la vallée. Bref, c’est vrai que financièrement, c’est lourd, et que le revenu que nous tirons de la production laitière ne nous suffit pas tant que nous n’avons pas fini de rembourser nos emprunts. Nous travaillons donc tous les deux à côté : Michael est cocher à Megève en saison, et moi je faisais des ménages. Mais je viens d’arrêter pour m’investir davantage dans l’agrotourisme.


actumontagne.com : Vous avez lancé cette année des visites et dégustation à la ferme. Vous pouvez ainsi allier agriculture et tourisme…
E.M. : Effectivement ! C’est surtout très intéressant et valorisant pour nos métiers.  J’y vois une forme de reconnaissance. Les gens posent plein de questions sur les animaux bien sûr, sur notre quotidien aussi. Ce dialogue est enrichissant. Ils viennent ici en calèche depuis le palais des sports de Megève, visitent l’exploitation et ensuite dégustent les fromages de la coopérative du Val d’Arly, à qui nous livrons notre lait, mes croûtes de lait, une variation du pain perdu, et mon biscuit de Savoie aux myrtilles. J’ai pas mal de demandes, et même en dehors des vacances avec les scolaires et les associations.

actumontagne.com : Vous vous investissez aussi beaucoup à la coopérative dont vous être sociétaire. Les journées ne sont-elles pas trop longues pour la mère de famille que vous êtes ?
E.M. : C’est vrai que je commence par la traite à 6h30 le matin et que je peux terminer très tard le soir quand je participe à des réunions à la coopérative à Flumet. Mais ça me plaît de m’investir à la coop, j’apprends beaucoup de choses sur le métier, la transformation des produits, leur distribution. Je siège au CA et je fais partie du bureau. Depuis peu, je suis aussi sur la communication. C’est passionnant, d’autant que la coopérative du Val d’Arly a stagné pendant longtemps et que depuis quelques années, elle multiplie les projets avec succès, comme les magasins de vente direct. Celui de Megève est reconnu, rentable, et le tout dernier, celui de Chamonix est bien parti.

actumontagne.com : La coop du Val d’Arly lance aussi beaucoup d’autres projets, participant à l’essor du territoire ?E.M. : La coop s’investit aussi dans le projet de réouverture de l’abattoir de Megève et la renaissance d’une véritable filière viande sur le territoire. Elle agrandit aussi ses locaux avec un nouvel atelier de fabrication de reblochon et de beaufort, une salle de préparation des commandes Internet, une nouvelle fromagerie pour la fabrication de yaourts, un magasin de vente plus spacieux, ou encore un nouvel espace d’accueil équipé d’une salle de projection. Notre coop  a le vent en poupe !
Propos recueillis par Sophie Chanaron

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