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Erwan Le Lann, base-jumper mais pas fada !

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Erwan Le Lann, 33 ans, fait partie des quelque 150 à 200 pratiquants réguliers de base jump –saut en parachute depuis le sommet d’une falaise – en France. Posé et réfléchi, ce guide de haute montagne milite pour une pratique responsable de ce sport dit extrême.



Le base-jump, un sport extrême pratiqué par des kamikazes ? Faux, répond Erwan Le Lann. « Vu les risques encourus, il faut au contraire être très rationnel dans sa démarche et ne négliger aucun détail», affirme ce guide de haute montagne. Avant chaque saut, il passe ainsi une bonne heure à plier minutieusement sa voile, histoire d’éviter toute mauvaise surprise. « On ne peut pas être serein et profiter pleinement du saut si on ne se sent pas totalement en sécurité, ce qui implique une maîtrise technique parfaite », estime-t-il.
Erwan n’est pas devenu base-jumper du jour au lendemain. Il a commencé par la chute libre traditionnelle, « avec plus d’une centaine de sauts, afin d’apprendre à maîtriser la masse de l’air ». Deuxième étape : les sauts depuis un aéronef (tel qu’un ULM), avec une ouverture de la voile à 300 mètres du sol, puis 200, puis 100, « pour savoir gérer la distance ».
Ce n’est qu’après quatre ans de chute libre qu’Erwan a débuté le base jump. Ses premiers sauts depuis une falaise, ils les a réalisés en « direct bag ». Traduction. « Quelqu’un te tient le parachute dans le dos, si bien qu’il s’ouvre au bout d’une seconde à peine. Il s’agit ici de travailler l’impulsion de départ », explique Erwan. Ce n’est qu’une fois qu’il maîtrise parfaitement cette phase primordiale que le base-jumper peut effectuer ses premiers « vrais » sauts, d’abord en tenant dans sa main l’extracteur (petit parachute qui entraîne l’ouverture du parachute), ensuite en le rangeant dans le dos. Au-delà de la maîtrise technique, Erwan insiste sur la concentration qui doit accompagner chaque saut. « Il ne faut jamais sauter en déconnant, ni se laisser gagner par la routine, parce que c’est dans ces cas-là que l’accident peut arriver. » 


De 0 à 170km/h en sept secondes



Un Icare cérébral : Erwan Le Lann dans ses oeuvres à ne surtout pas imiter !

Toute cette préparation et cette minutie ne sont-elles pas disproportionnées au regard du caractère éphémère du saut, la chute elle-même ne dépassant généralement pas dix secondes? « Non, parce que le rapport au temps est vraiment très spécial. Chaque seconde d’un saut en base-jump est extrêmement intense. Tu atteints ta vitesse maximale – environ 170 km/h – au bout de seulement sept secondes, mais tu prends un immense plaisir avant l’ouverture du parachute », précise Erwan.
Pour le guide de haute-montagne qu’il est, le base jump représente bien plus qu’un simple sport pourvoyeur de sensations fortes. « J’essaye de combiner la pratique du base-jump avec celle de l’escalade –sur rocher ou sur glace-, afin de vivre une aventure à la montée et une autre aventure à la descente. On appelle ça le paralpinisme ». Parmi ses aventures marquantes, signalons son ascension, lors de l’hiver 2005, d’une cascade de glace québécoise avec redescente en base-jump. Cet exploit, réalisé avec Sam Baugey, lui aussi guide de haute montagne, a été filmé sur un DVD intitulé « Québec givré »…


Martin Léger


 


 



 

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