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Le bonheur est dans le labeur

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Installés depuis plus de 20 ans sur les hauteurs de Praz-sur-Arly, René-Marc et Karine Feige sont producteurs de lait qu’ils transforment l’hiver en reblochon fermier. A la belle saison, leur lait est récolté par la Coopérative fruitière du Val d’Arly pour la fabrication du beaufort. Une vie de labeur très rythmée, qu’ils n’échangeraient pour rien au monde !

C’est à l’écart du brouhaha de la station, à plus de 1300 mètres d’altitude au Crêt, sur le sentier des Evettes , que la ferme des Belles Violettes, à Praz-sur-Arly,  se dresse. Un beau bâtiment en pierre et bois, très fonctionnel et moderne, qui abrite à la fois l’habitation familiale, l’étable et l’atelier de transformation du lait. Il est à peine 8 h du matin, mais pour René-Marc et Karine Feige la journée a déjà commencé depuis longtemps. La traite des cinquante vaches laitières de l’exploitation est terminée, les bêtes nourries et leur litière généreusement repaillée. Le couple vient également tout juste de finir de lancer la première des deux fabrications quotidiennes de reblochon fermier, à partir du lait tout juste récolté.
La deuxième sera effectuée en fin d’après-midi, dans la foulée de la seconde traite. D’ici là, la journée de ces exploitants agricoles d’une quarantaine d’années, parents de quatre enfants, sera bien remplie ! Notamment par les différentes tâches liées à la production des reblochons : démoulage des fromages frais, retournement et lavage des fromages fait la veille, retournement de ceux qui mûrissent dans la cave d’affinage, emballage des reblochons prêts à être consommé, lavage des planches en bois sur lesquelles reposent les fromages dans le laboratoire…

 
Au total, l’hiver, les Feige produisent quelque 120 reblochons par jour, qu’ils bichonnent passionnément. Pas étonnant que leurs fromages au lait cru soient si agréables et goûteux en bouche ! Ils les vendent directement à la ferme, mais aussi par l’intermédiaire des quatre magasins de la Coopérative fruitière du Val d’Arly, à laquelle ils ont adhéré l’an dernier. «Les reblochons de René et Karine Feige sont de très grande qualité. Le couple travaille dans les règles de l’art, et exerce son métier avec passion. René est toujours enthousiaste et investit régulièrement pour diminuer la pénibilité du métier, sans céder un pouce sur la qualité», se félicite Philippe Bouchard, le directeur de la coopérative. Bref, René et Karine montrent un visage moderne et dynamique de l’agriculture de montagne, loin des clichés d’un monde paysan en voie de disparition.

Modernes et chanceux
Contrairement à nombre de leurs comparses qui, en montagne, sont souvent doubles actifs pour joindre les deux bouts, les Feige, eux, vivent à 100% de leur exploitation agricole. « C’est un choix que nous avons fait pour être ensemble, profiter de nos enfants en dépit des contraintes –jamais de week-ends ni de vacances pour nous-, et de la dureté du métier », indique Karine qui, comme son mari n’échangerait pour rien au monde son quotidien.  «Nos enfants aussi aiment cette vie », affirme René. « Ils nous donnent le coup de main sans rechigner. Si notre fille aînée se destine à un autre métier, notre fils Jérémy lui, est parti pour nous rejoindre après ses études dans la filière agricole, et reprendra sans doute reprendre la ferme quand on passera la main».

Mais ce n’est pas pour demain. Pour l’heure et jusqu’au printemps, les journées des Feige vont donc s’organiser autour de la fabrication des reblochons. A partir du printemps et tout l’été, par contre, finie la production fromagère. « Avec le travail extérieur qui s’accumule -foins, fabrication des parcs pour les vaches, cultures…- nous n’avons plus le temps.  Notre lait est donc ramassé tous les matins par le camion de la Coopérative du Val d’Arly pour la fabrication du beaufort », explique René qui reconnaît que sa grande chance c’est de pouvoir profiter qu’à Praz-sur-Arly, les exploitants bénéficient de deux zones de production fromagère, celle du reblochon et celle du beaufort. Ça évite de mettre les œufs dans le même panier et de tomber dans la monotonie !
Sophie Chanaron

* pastille de couleur verte pour indiquer qu’il s’agit bien d’une production fermière

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