Le fonds de dotation Essentiem accélère

Créé en 2020, le fonds de dotation Essentiem, le premier dans la filière du tourisme, s’est repositionné autour de la notion de communauté de mécènes et d’acteurs pour un tourisme plus engagé sur le plan social, sociétal et environnemental. Rencontre avec Lionel Flasseur, son président, aux lendemains du lancement à Paris de sa première grande collecte auprès des acteurs d’un secteur qui a beaucoup à gagner, en terme d’image et d’attractivité, à soutenir des actions d’intérêt général et philanthropiques.

Pouvez-vous nous rappeler les circonstances ayant mené à la création d’Essentiem ?
Lionel Flasseur : En 2018, quand nous avons lancé le tourisme bienveillant pour Auvergne Rhône Alpes Tourisme, nous nous sommes rapidement dit qu’il fallait être très concrets et pas uniquement dans le discours ou donneur de leçons. Parmi les idées qui ont émergé, il y avait celle de créer un fonds de dotation. Version agile d’une fondation, un fonds de dotation a la même vocation que cette dernière, à savoir la capacité à soutenir des projets d’intérêt général en faisant appel aux dons des particuliers et des entreprises. Nous ne voulions pas faire une extension d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme, mais créer un outil national pour attirer des partenaires autour de la table. Et pour éviter le mélange des genres, lui donner un nom et une gouvernance propres. Essentiem est né en août 2020.

Lionel Flasseur, président d’Essentiem et par ailleurs directeur d’Auvergne Rhône-Alpes Tourisme, à l’initiative de la création du fonds de dotation ©Margot Raymond

Depuis ses débuts, Essentiem soutient de nombreux projets d’intérêt général en montagne. Est-ce délibéré en raison du profil de certains de ses co-fondateurs historiques* ?
Lionel Flasseur : Essentiem a effectivement eu un certain tropisme montagne à ses débuts parce que nous avions des connexions dans ce milieu là. Domaines Skiables de France (DSF), par exemple, a répondu très vite et favorablement à la création d’Essentiem. Un des premiers sujets que nous avons facilité, c’est la Montagne solidaire lancée par France Montagnes à l’été 2020 et qui a permis d’accueillir 4000 soignants en montagne en pleine pandémie. Nous avons aussi travaillé avec l’ANCV (Association nationale des chèques-vacances) pour envoyer des jeunes à la montagne dans le cadre du programme 18.25. Mais, prenez notre grande opération 2022 avec Vacances ouvertes, que nous avons présentée à Paris le 5 juillet dernier. Elle permet à 300 familles primopartantes de toute la France, soit 1000 personnes environ, c’est à dire le double de l’an dernier, d’aller en vacances sur l’ensemble du territoire français. En montagne, bien sûr, mais pas que, les séjours sont même majoritairement à la mer.

Comment fonctionne Essentiem ?
Lionel Flasseur : Essentiem agit à deux niveaux. En qualité de promoteur de projets d’intérêt général, le fonds de dotation soutient et finance des actions choisies par notre gouvernance répondant à nos ambitions d’inclure les hommes, de respecter la nature et de valoriser les territoires. L’apport d’Essentiem est à la fois en argent et en nature, nos partenaires nous donnant par exemple des quotas de séjours. Par ailleurs, en tant que facilitateur de projets, Essentiem héberge et accompagne des porteurs de projets, notamment dans leur volonté de créer leur propre fonds de dotation. Nous leur fournissons un bouquet de services (juridique, financier, fiscal, marketing…) qui va leur permettre de se concentrer sur les opérations de terrain et sur leur collecte de fonds. En passant par Essentiem, ils gagnent du temps puisqu’il ne faut que quelques semaines pour que leur outil soit opérationnel. Ils font également des économies parce que nous mutualisons les coûts.

Randonnée familiale dans le Vercors ©Focus Outdoor

Quels sont les opérateurs ayant déjà créé leur propre fonds de dotation via Essentiem ?
Lionel Flasseur : Le premier opérateur a été Aix-les-Bains Riviera des Alpes, dont le fonds soutient des projets locaux à dimension sociale et environnementale. Depuis nous hébergeons aussi Génération Montagne, le fonds de dotation de DSF lancé à Mountain Planet en avril dernier, et en juin, le fonds de dotation Demain Savoie Mont-Blanc. Nous finalisons actuellement la création d’un fonds de dotation pour Somme Tourisme. Ce département des Hauts-de-France est un haut lieu du tourisme de mémoire (Ndlr : lieux de combats de la Grande Guerre). Son fonds de dotation, en partenariat avec Handicap International et baptisé Somme Battelfield for Peace, va permettre aux milliers de visiteurs de la Somme, de faire des dons au profit des victimes des guerres actuelles. Pour moi, c’est une initiative extraordinaire, car un, la cause est très noble. Deux, elle permet à la filière du tourisme d’envoyer des messages de générosité et de philanthropie, domaines sur lequel on ne l’attend pas. Enfin trois, elle montre toute l’étendue de l’action d’Essentiem.

Vous accompagnez également des stations de montagne qui souhaitent créer elles aussi un fonds de dotation. Il est encore trop tôt pour les citer dites-vous, mais quel est l’objectif de leur démarche ?
Lionel Flasseur : Il est double. Avec la création d’un fonds de dotation, elles démontrent que le tourisme n’est pas qu’une filière mercantile au service de la seule économie. Elles montrent qu’elles ont une conscience et une responsabilité sociales qu’elles vont retranscrire par des actes précis, concrets. C’est aussi un dispositif qui va leur permettre de travailler leur marque employeur. Il nous manque aujourd’hui un millier de jeunes dans notre filière du tourisme. Les hausses de salaires et les améliorations des conditions de travail ne seront pas suffisantes pour rendre nos métiers du tourisme attractifs. Il faut avoir une ambition, un discours tourné autour du sens et de la raison d’être d’une entreprise. En créant un fonds de dotation, elles ont une autre histoire à raconter que celle de leur seule vocation économique.

Lancement à Paris de la collecte participative nationale d’Essentiem et présentation de l’opération avec Vacances ouvertes permettant à plus de 1000 personnes défavorisées de partir en vacances

Le 5 juillet dernier, vous avez lancé votre première collecte participative nationale. Va-t-elle contribuer à augmenter votre surface financière ?
Lionel Flasseur : Absolument. Pour notre premier exercice à fin 2021 (18 mois), celle-ci est de 350 000€. Nous espérons atteindre les 700 000€ en 2023 et 1M€ d’ici à deux ans et demi, ce qui est plutôt élevé pour un fonds de dotation. Nous avons fixé le montant minimum du don de notre collecte nationale à 500€. Je rappelle que 60% de ce montant étant déductible des impôts, cela ne revient donc qu’à 200€ pour une entreprise. Les dons arrivent et d’opérateurs très divers, à l’image du groupe de média, Espaces tourisme & loisirs.

Propos recueillis par Sophie Chanaron

*Six co-fondateurs historiques : Auvergne Rhône-Alpes Tourisme, Domaines Skiables de France, Club Med, Vacancéole, Easy Voyage et VVF rejoints quelques mois plus tard par Destination Occitanie, Transdev et G2A

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