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Onze Irakiens découvrent la Coupe Icare


Ils avaient été annoncés sous réserve, faute d’avoir de leurs nouvelles à la veille de l’ouverture de la Coupe Icare 2010. Et bien, ils sont venus ! Onze Irakiens ont débarqué à Saint-Hilaire-du-Touvet au deuxième soir du plus grand rassemblement mondial du vol libre. A temps pour être de la fête et, pour quatre d’entre eux, de profiter de l’aérologie généreuse de ce coin de Chartreuse, enfin libéré de sa chappe de nuages au dernier jour de cette 37ème édition, plus cosmopolite que jamais !

Les onze Irakiens qui se sont posés à la dernière Coupe Icare en ont pris plein les mirettes ce week-end pour le clou du spectacle, le concours de déguisements des pilotes ! Ils étaient comme des gamins, posant à côté des concurrents aux looks les plus improbables. L’audace de ces derniers les aura incontestablement bluffés, comme les 5000 spectateurs présents ce dimanche autour de l’aire de décollage nord de Saint-Hilaire-du-Touvet. Comment ces passionnés de vol libre venus de la fournaise irakienne ont-ils atterri sur le plateau des Petites Roches ? Pour ceux qui n’auraient pas lu notre édition du 10 septembre dernier, ils ont été invités par les organisateurs de la Coupe Icare, sur une suggestion d’un journaliste de Cross Country Magazine qui les avaient rencontrés lors d’un festival de parapente en Turquie, l’an dernier. Ces Irakiens font partie des clubs de vol libre de Mossoul, la deuxième ville du pays et de celui d’Arbile, plus à l’est. Comme tous les pilotes du monde entier, ils souhaitent connaître les meilleurs spots de sports aériens de la planète. Il était donc impensable qu’ils ignorent le site de la Coupe Icare et son aérologie exceptionnelle.

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L’un des Avatars au départ de l’Icarnaval

 

Avec l’aide de l’ambassade de France à Bagdad, les organisateurs de la manifestation française ont pu en faire venir neuf d’entre eux. Un événement ici mais aussi en Irak puisqu’ils étaient accompagnés de deux caméramans de la télévision nationale irakienne, chargés d’immortaliser les tribulations du groupe en Chartreuse. Parmi les pilotes présents, Fathi Seba Al Jbury, ex-capitaine de l’armée irakienne et pilote de la compagnie aérienne Iraki Airlines, aujourd’hui concessionnaire automobile. Une personnalité. Il a été le premier irakien civil a sauté en parachute en 1980. Il a aussi été le premier Irakien à voler en delta en 1984 et premier moniteur de cet aéronef deux ans plus tard. Il est aujourd’hui à la tête du club de Mossuls créé en 1933 et qui compte tout de même plus de 250 membres dont 46 pilotes chevronnés, parmi lesquels figurent huit femmes. Pour autant, au-delà du contexte militaro-politique, la pratique du vol libre en Irak souffre de la pénurie économique dans laquelle est plongé le pays depuis les années 2000. "Nous manquons de moyens et devons fabriquer une bonne partie de notre matériel, des montgolfières notamment, que nous vendons en Syrie et en Libye pour rassembler un peu d’argent". Pour faire rentrer des fonds, le club loue aussi ses aéronefs à des fins publicitaires. "A chaque fois, c’est un grand succès et on mesure combien le vol libre fait rêver le grand public en Irak". Les dirigeants du club de Mossuls envisagent de créer un festival autour de la discipline pour faire sa promotion. En participant à la Coupe Icare, ils ont pu nouer des contacts, prendre des idées pour les adapter chez eux et jeter les bases d’un futur grand événement irakien autour du vol libre, auquel les pilotes occidentaux, français en tête, seront ravis de participer. Un bon moyen de montrer d’autres images de l’Irak que celles dont on nous abreuve depuis 2003.
Sophie Chanaron

 

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