Championne de France de ski slopestyle et 3ème de l’étape du SFR Tour à la Clusaz l’hiver passé, Tess Ledeux, 15 ans, incarne la relève du ski freestyle français. Rencontre avec une jeune championne – originaire de la Plagne, comme son cousin, Kévin Rolland – qui n’a pas froid aux yeux.
Rodéo 900 et Cork 900, autrement dit des rotations horizontales de deux tours et demi assorties d’un passage tête en bas. Telles sont les figures de prédilection de Tess Ledeux. « Elle m’impressionne sur les bigs airs. Elle envoie vraiment de gros sauts, avec une amplitude qu’on voit assez rarement chez les filles », confie Kévin Rolland, cousin de Tess, et accessoirement multiple vainqueur des X-Games en ski half-pipe. « Dès que j’ai commencé le freestyle, j’essayais avant tout de me mettre les plus gros tirs possibles. Je n’ai jamais eu peur des gros sauts, même si ça s’est déjà terminé à l’hôpital. J’étais un peu folle sur les skis », confirme l’intéressée.
Comme la plupart des enfants de station, Tess Ledeux a débuté le ski très tôt, dès l’âge de 2 ans. Elle a aussi eu droit au passage par la section « alpin » du club des sports : « J’ai fait quelques compétitions de petits comme ça, mais je n’ai jamais été très forte. » Il faut dire que les piquets, ça n’a jamais trop été son truc. « Au club, je faisais un peu n’importe quoi. Je ne suivais pas les autres en petite godille, j’allais tout le temps chercher les bosses sur les bords de piste. Mes coachs pétaient un plomb à cause de ça. Quand je leur ai dit que je voulais faire du freestyle, ça ne les a pas vraiment surpris ».
Après deux ans d’alpin, elle intègre la section freestyle du club des sports à l’âge de 9 ans. « On faisait un peu de tout, notamment des bosses et du slopestyle. On continuait à apprendre la technique. En freestyle, si tu veux tenir sur tes jambes, il faut quand même avoir quelques bases. » Normalement, ce n’est qu’à la rentrée en seconde que les skieurs du club des sports de La Plagne décident de se spécialiser (ski de bosses, slopestyle…). « Moi, dès la 6ème, je savais que je voulais faire du slopestyle. Donc je me suis investie à fond dans cette direction », explique Tess. « Elle adore ce qu’elle fait, elle s’entraîne vraiment beaucoup », assure Kévin Rolland.
Mais au fait, pourquoi le slopestyle ? « Parce qu’il y a un côté vraiment libre que tu ne retrouves pas forcément dans le ski de bosses, qui est plus cadré, avec un truc à suivre et une technique à respecter. En slope, tu crées ton propre style et c’est vraiment ça qui m’intéresse. Mon but, c’est aussi de montrer qu’une fille peut avoir autant de style qu’un mec. »
Encore trop jeune pour participer aux épreuves de coupe du monde de la Fédération Internationale de Ski l’hiver dernier, Tess Ledeux compte bien y briller cet hiver. « Mon objectif, c’est d’être dans le top 5 de toutes les compétitions que je vais disputer, avec le plus de podiums possibles ». Le simple fait qu’elle ait été invitée , début décembre aux Etats-Unis, au prestigieux Dew Tour – même si elle a dû déclarer forfait à la dernière minute après une petite blessure à l’échauffement – est déjà un signe fort de son potentiel. De là à devenir la principale rivale de Kelly Sildaru, la prodige estonienne de 14 ans qui écrase actuellement la planète slopestyle ? Seul l’avenir nous le dira.
Martin Léger