La station de l’Oisans accueille, les 16, 17 et 18 décembre, la troisième étape de la coupe du monde de ski de bosses 2021-22. Deux épreuves sont au programme : les bosses simples vendredi 17 décembre (finales à 12h30, diffusion en direct sur la chaîne l’Equipe) et les bosses parallèles samedi 18 décembre (finales à 14h, diffusion en différé en fin d’après-midi dans La Station l’Equipe), les qualifications de ces deux épreuves étant programmées jeudi 16 décembre.
« Nous avions déjà eu des épreuves de coupe du monde FIS (Fédération internationale de ski) de snowboard en 2002 (à l’époque où notre championne Isabelle Blanc faisait partie des meilleures mondiales), puis de skicross de 2010 à 2012, avec Ophélie David en tête d’affiche », rappelle Yves Breton, conseiller municipal de l’Alpe d’Huez en charge des sportifs de haut niveau, ainsi que de la supervision de cette coupe du monde de ski de bosses.
L’accueil des Perrine Laffont, Benjamin Cavet et consorts résulte en partie de la saison blanche vécue l’an passé par les stations de ski, comme le rappelle l’élu : « La non-ouverture des remontées mécaniques compliquait la tâche des sportifs de haut niveau. L’équipe de France de ski de bosses cherchait des sites pour s’entraîner l’hiver passé, ils nous ont contactés. On leur a construit un stade de bosses, sur lequel ils sont venus s’entraîner une quarantaine de jours lors de la saison 2020-21. Ils l’ont trouvé vraiment bien. Du coup, ils ont sollicité le directeur de course de la FIS pour le ski freestyle, pour lui soumettre l’idée d’organiser une coupe du monde à l’Alpe d’Huez. Celui-ci est venu sur place en mars 2021, et a validé cette candidature. Cela nous permet de retrouver la coupe du monde, et c’est vrai que c’était plus facile de se positionner sur du freestyle que sur du ski alpin par exemple, où les créneaux sont extrêmement rares. » L’association WAD (We Are Different), qui œuvre au développement de l’équipe de France de ski de bosses, et apporte un soutien financier à hauteur de 36 000 € pour l’organisation de l’événement (sur environ 100 000 euros de recettes, les autres partenaires mettant la main au portefeuille étant la Région AURA, le département de l’Isère et la FIS), a aussi joué un rôle important.
Le budget global d’organisation avoisine les 300 000 euros (il inclut le prize money, l’hébergement des athlètes, médias, officiels de la FIS et de la FFS, la location de stands pour les juges,etc), dont 200 000 euros sont apportés par la mairie et l’office du tourisme de l’Alpe d’Huez. Il faut ajouter à cela environ 300 000 euros de prestations de SATA Group (l’exploitant du domaine skiable de l’Alpe d’Huez) : coût des machines pour la fabrication de la piste (une trentaine d’heures de travail), installation de la fibre optique pour la diffusion télé, le chronométrage,etc… et l’installation d’enneigeurs (près de 15 000 m3 de neige ont ainsi été produits pour la fabrication de la piste). « A l’avenir, cela nous coûtera moins cher, puisque nous auront déjà les enneigeurs. L’objectif est vraiment de pérenniser cette étape de coupe du monde sur la durée. Même si elle n’est pour l’instant inscrite que cette année au calendrier de la FIS. C’est en mai prochain qu’on sera fixé. Mais auparavant, nous ferons déjà un bilan – coûts, contraintes, utilisation de l’espace,etc – de notre côté », précise Yves Breton.
L’épreuve se déroulera sur une piste de 300 m de long, 34 m de large et 140 m de dénivelé, située sur la piste « Signal Bis ». Afin de présenter une meilleure ligne de pente (sans dévers), la piste construite cette année pour la coupe du monde est décalée d’une dizaine de mètres par rapport à celle utilisée l’hiver dernier pour l’entraînement de l’équipe de France. Avec ses 28 degrés de pente moyenne, elle est assurément « l’une des plus difficiles de la coupe du monde, juste derrière celle, mythique, de Deer Valley », explique Fabien Bertrand, le directeur du ski freestyle à la FFS, nommé directeur de course sur cette étape. En charge de la construction de la piste – il a aussi disputé la coupe du monde de ski de bosses par le passé, en tant qu’athlète – celui-ci a fait en sorte de répondre aux souhaits de Perrine Laffont et Benjamin Cavet, les leaders tricolores. « La FIS nous impose d’avoir entre 3 et 4 m d’écart entre deux bosses. Mais après, on a une certaine latitude. Comme Perrine et Ben aiment les changements de rythme, j’en ai fait pas mal ! J’ai commencé par dix bosses avec 3,70 m d’écart – le rythme que tout le monde aime – puis j’ai mis six bosses avec 3 m d’écart, de nouveau quatre bosses à 3,70 m et quatre mètres sur trois bosses », détaille celui qui est aussi l’ancien entraîneur de l’équipe de France. Et qui espère voir « au moins trois ou quatre hommes et deux filles qualifiés pour les finales, avec au moins une victoire pour Ben, et deux pour Perrine ! ». Repartie sur une bonne dynamique le week-end dernier à Idre Fjall (Suède), avec une deuxième place en bosses simples et une victoire en bosses parallèle, après une première étape en demi-teinte à Ruka (« seulement » 4e), la championne olympique en titre cherchera à décrocher un 23e succès en coupe du monde. Ce serait son premier « à domicile », pour elle qui n’a couru que trois fois en France : à la Plagne en 2014, à seulement 16 ans (8e en bosses simples), puis deux fois à Megève en bosses parallèles, en 2015 (19e) et en 2018 (2e).
Martin Léger
Photo de une : L’équipe de France de ski de bosses – avec ici Sacha Théocharis en action – s’était entraînée une quarantaine de jours l’hiver passée sur le stade de bosses du Signal, à l’Alpe d’Huez © Lionel Royet / Alpe d’Huez Tourisme