Eric Fournier, maire de Chamonix, et Mathieu Dechavanne, pdg de la Compagnie du Mont-Blanc, ont présenté à la presse le projet de transformation du site du Montenvers-Mer de Glace. Nécessitant 53M€ d’investissement et quatre ans de travaux, il symbolise le tourisme de demain que la capitale de l’alpinisme veut promouvoir. A savoir celui de la connaissance, grâce aux synergies entre ses grands lieux culturels et scientifiques.
A l’été 2025, c’est un « Montenvers » différent de celui d’aujourd’hui que visiteurs et alpinistes découvriront au terminus de la ligne à flanc de montagne qu’emprunte le petit train rouge éponyme.
La commune et la compagnie du Mont-Blanc, en lien avec les services de l’Etat et le Ministère de l’Environnement, ont planché pendant sept ans pour repenser et valoriser ce site touristique classé, presque tricentenaire.
Confronté à l’érosion de sa fréquentation, passée en une décennie de 450 0000 visiteurs par an à 350 000, il témoigne des effets du réchauffement climatique. En effet, la Mer de Glace, plus long glacier de France, découvert il y a 280 ans par les Anglais Pococke et Windham, a reculé de plus de 2,5 kilomètres depuis 1850. Et a perdu plus de 100 mètres d’épaisseur ces trente dernières années.
Mais si la glace fond, le Montenvers reste un site naturel et patrimonial unique, permettant à un public non-averti de s’approcher au plus près de la haute montagne, grâce à sa desserte ferroviaire. A 1913 mètres d’altitude, il est également le point de départ de nombreuses courses d’alpinisme mythiques du massif du Mont-Blanc (les Grandes Jorasses, la Verte, les Drus…). « Nous pensons qu’il y a de la place ici pour un tourisme prenant en compte les enjeux du moment, le réchauffement climatique, un tourisme qui s’adapte et fasse sens », explique Eric Fournier.
Pour le premier magistrat de Chamonix, le futur Montenvers est le symbole du tourisme que la vallée veut promouvoir à l’avenir : respectueux de l’environnement, sobre sur le plan énergétique et foncier, offrant une grande qualité architecturale. Et qui raconte par ailleurs une histoire, en lien avec d’autres sites culturels et scientifiques chamoniards existants ou à venir (comme le futur Cham Lab, pôle scientifique multidisciplinaire).
Une nouvelle société gestionnaire
Sa mise en œuvre s’inscrit dans le cadre d’une délégation de service public d’une durée de 33 ans, confiée en juillet dernier à la Compagnie de la Mer de Glace, chargée de métamorphoser et d’exploiter le Montenvers. La Compagnie du Mont-Blanc, deuxième exploitant français de remontées mécaniques et ancien gestionnaire du site, en est l’actionnaire majoritaire. Il s’est associé à deux partenaires « partageant les mêmes valeurs », indique Mathieu Dechavanne, son pdg : la Banque des Territoires, émanation de la Caisse de Dépôts (30%) et le Crédit agricole des Savoie (10%), caution financière bienvenue pour un projet adoubé par la Commission supérieure des Sites classés et le Ministère de la Transition écologique.
Nouveaux équipements et cheminements accessibles aux PMR
Avec une scénographie imaginée par les cabinet Speller (Grotte Chauvet) et Tempora, le nouveau Montenvers représente un investissement de plus de 53M€, dont 8M€ apportés par la Région et le Département de Haute-Savoie. Le chantier, qui démarrera au printemps 2022 et permettra de maintenir sauf exception l’exploitation du site, consiste à créer principalement deux équipements phares, reliés par une passerelle.
Tout d’abord une nouvelle télécabine pour accéder à la Mer de Glace. Avec la rétraction du glacier, les visiteurs doivent actuellement avaler encore 580 marches après la gare d’arrivée avant de l’atteindre. En 2023, la future remontée mécanique empruntera un tracé différent remontant la Mer de Glace sur 580 mètres. La gare de départ, volontairement minimaliste pour une meilleure intégration architecturale, sera située sous la nouvelle terrasse panoramique, aménagée à la place du restaurant . La gare d’arrivée prendra place au niveau de l’éperon des Échelets, où une grotte très épurée sera taillée dans la glace. « Quand il n’y aura plus de glace, puisque la fonte du glacier est inéluctable, la télécabine permettra de rapprocher les randonneurs des grands itinéraires du massif », explique Mathieu Dechavanne, pdg de la CMB, précisant que l’ancienne télécabine et sa plateforme seront démantelées.
L’autre attraction du Montenvers en 2024 sera le centre d’interprétation du climat et des glaciers, baptisé le Glaciorium. Il proposera sur 800 m² une expérience immersive autour des glaciers, de leur histoire et des mutations climatiques. « L’homme aime ce qu’il comprend et il protège ce qu’il aime (J.Y. Cousteau) », cite Mathieu Dechavanne, pour qui cet espace pédagogique avant tout ludique, contribuera à la prise de conscience de la fragilité des espaces naturels et de la nécessité de les préserver.
Il faudra débourser 50€ pour profiter de l’ensemble de l’offre en haute saison (16,50€ pour la seule entrée au Glaciorium, 34€ l’aller-retour en train). De quoi éviter la surfréquentation du site et sa banalisation.