5 questions à Eric Journiat, président de Vacancéole

Fondé en 2009, Vacancéole gère aujourd’hui quelque 90 résidences de tourisme, villages vacances et hôtels en France, dont 35% situés en zone montagne. L’opérateur savoyard (65M€ de CA), qui prône un tourisme responsable et durable, est l’un des membres fondateurs du fonds de dotation Essentiem, grâce auquel 300 familles ont pu partir pour la première fois en vacances cet été. Eric Journiat nous explique les raisons de la participation de son groupe à ce dispositif.

Comment votre groupe a-t-il été amené à devenir l’un des membres fondateurs du fonds de dotation Essentiem en 2020 aux côtés d’Aura Tourisme, Domaines Skiables de France (DSF), EasyVoyage, Club Med et VVF, rejoints depuis par Destination Occitanie, G2A Consulting et Transdev ?
Eric Journiat : Suite à un post de l’agence Aura Tourisme sur le tourisme bienveillant paru sur linkedin en 2018, j’ai constaté que nous étions proches dans la façon de percevoir l’évolution du tourisme. Nous partagions des valeurs communes : prôner un tourisme bienveillant, incluant davantage les hommes, proche des territoires, en prenant en compte leurs spécificité. Un tourisme qui facilite la rencontre entre le visiteur et le visité, ou encore qui développe une attitude de protection des territoires. Nous avons rencontré Lionel Flasseur, directeur d’Aura Tourisme, et Jean-Marie Hébert, qui allait devenir le directeur du fonds de dotation, ainsi que d’autres hébergeurs comme VVF et le Club Med, sur lesquels nous étions parfaitement alignés. A l’issue de ces échanges, nous avons donné une suite favorable à la sollicitation de Lionel Flasseur et Jean-Marie Hébert de faire partie des membres fondateurs de ce fonds de dotabion à l’approche singulière et qui plus est originaire de notre région. Cela faisait sens à notre engagement.

Quelle a été votre contribution financière ?
Eric Journiat : Le ticket d’entrée était de 10 000€, auxquels s’ajoutent des apports en nature lors de différentes actions solidaires menées par Essentiem autour de l’accès aux vacances pour tous. Par exemple, dans l’opération de cet été 2022, menée conjointement par Essentiem et Vacances ouvertes, et qui permet à 300 familles de partir pour la première fois en vacances, nous avons mis à disposition cinq hébergements. L’hiver dernier, nous avions aussi mis à disposition des lits touristiques dans le cadre de l’opération Départ 18/25 ans en montagne, menée par Essentiem avec l’ANCV (association nationale des chèques-vacances) pour encourager les jeunes à partir en montagne. Nous renonçons au chiffre d’affaires que nous pourrions faire en commercialisant ces hébergements. Si les opérateurs touristiques comme nous ne s’engagent pas sur ce terrain du social, ça serait impossible de mener ce type d’actions.

Au regard des dernières opérations, le fonds Essentiem semble prendre une tournure plus sociale. Etes-vous d’accord ?
Clairement oui. L’humain est vraiment mis au coeur du tourisme bienveillant. Les opérations menées en montagne ont une dimension sociale, c’est à dire qu’elle vise à favoriser le départ en vacances de tout le monde, mais il y a aussi une deuxième ambition, qui est de faire découvrir des milieux, comme la montagne, à des personnes qui n’y seraient jamais venues et cela pour diverses raisons.

Résidence Vacancéole la Turra à Valfréjus

Que représente la montagne pour Vacancéole ?
Eric Journiat : 35% de notre activité annuelle. Aujourd’hui on souhaite continuer à équilibrer la montagne et la mer (50% de l’activité de la marque). Le développement en montagne a un bel avenir. On doit tenir compte de plusieurs facteurs. Sur le business neige, nous allons privilégier les stations de haute altitude, mais néanmoins nous regardons aussi la moyenne montagne, car avec l’évolution des modes de consommation, elle a une carte à jouer. Nous avons un bel exemple avec Gresse-en-Vercors, où notre résidence de tourisme fonctionne très bien, même en hiver, qu’il y ait de la neige ou pas. Le consommateur sait s’adapter aux situations provoquées par le réchauffement climatique ou la crise sanitaire. Nous constatons qu’il ne rejette pas forcément la montagne quand il n’y a pas de neige. Nous voyons aussi de plus en plus de consommateurs qui établissent des choix de vacances en faveur de considérations environnementales. Ils évitent de prendre l’avion et pas seulement parce que les prix ont augmenté cet été. Entre deux produits similaires, celui qui est labellisé Clé verte -ce qui est le cas d’une vingtaine de résidences chez Vacancéole- aura la préférence.

Le village des Oiseaux, un hébergement insolite aménagé d’une zone Natura 2000 d’une trentaine d’hectares à deux pas de la Via Rhôna en Haute-Savoie

Votre village des Oiseaux ouvert en 2019 à Motz en Haute-Savoie remporte un grand succès avec ses éco-hébergements conçus comme des belvédères sur la nature. Allez-vous le développer ailleurs dans les Alpes ?
Eric Journiat : Pour l’instant, nous n’avons pas de nouveaux projets parce qu’on a du faire face à un fort développement, notamment en stations avec quatre nouvelles implantations (Doucy / Valmorel, Auris-en-Oisans, Vaujany et Morillon). Mais l’idée est bien de faire connaître ce concept insolite à d’autres collectivités, sans pour autant le dupliquer. Notre principe est d’adapter les projets au territoire sans lequel il s’intègre. Nous sommes très satisfaits du Village des Oiseaux, car nous visions une exploitation d’avril à octobre et actuellement, il tourne toute l’année avec des publics très différents, y compris certains que nous n’avions pas identifiés comme les frontaliers ou des ressortissants du Moyen-Orient, grâce à la proximité de l’aéroport international de Genève.

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